Histoires sans anesthésie

2008

Livre suturé par un medecin, Betadine jaune.

“Au bout du téléphone, il y a votre voix et il y a les mots que je ne dirai pas.”
 
Mai 2007 : Mon texte était très mauvais, il me l’avait dit.
 
Sept mois plus tard j’avais terminé la séance ainsi: “Ce qui m’importe c’est de vivre des choses qui comptent!” Les retenir, la retenue, contenir, le contenu.
 
Ce qui me plaisait dans sa voix, c’était ce regard abandonné sous ses yeux cernés. Dans le silence de ses réponses sans verbes mon ignorance devenait de l’algèbre.
 
J’allais conclure une nouvelle séance avec d’autres mots: “J’aime bien avoir l’illusion que je ne suis pas tout seul.” Illusion, se raconter, conter, ces choses qui comptent.
 
Cette verticalité que j’aime tant oublier. Ce jour, lorsque je ne pouvais plus marcher, toute une nuit allongé sur le carrelage glacé, nu sous une frêle chemise de coton.
Pauvre hôpital. Il manquait de brancards.
 
Quatre ans plus tard, et ces quelques mots qu’il ne recevra jamais: “J’aurais préféré que tu me dises simplement et plus tôt que je me trompais.”