Au ciel. Texte pour Richard Ballard

2022


© Richard Ballard, 2021
 
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Paris, mai 2022
Un après-midi lumineux de mai 2010, je rends visite à Richard dans son atelier rue Boyer dans le 20e arrondissement de Paris. En entrant dans ce lieu, mon regard est attiré par un jeu d’échecs en bois massif. La table basse sur laquelle le plateau est posé semble avalée par l’objet surdimensionné. Les pions, sculptés par l’artiste, font chacun la taille d’une main d’homme. Les essences de bois sont brutes, les couleurs belles, sensibles, l’objet vibre et m’accueille. A sa droite, une plante a conquis ses droits et grimpe et touche la verrière zénithale. Richard laisse faire, un certain équilibre règne.
 
A gauche, en enfilade, des toiles sont alignées à l’aplomb et à la perpendiculaire d’un grand mur. Je suis fasciné par la série “Les ciels”, déjà vue un jour. Je souhaite la revoir. Il me présente les toiles, une à une, les faisant glisser au sol. A nouveau, cette même impression : le corps de Richard a disparu, il n’y a plus trace de ses mouvements. Et là, surgissent les vapeurs humides des nuages, une voûte céleste au crépuscule.
 
L’absence du peintre m’absorbe et se transforme en souvenirs.
 
Antibes, printemps 1989
Nous sommes dans la cage d’escaliers de la Villa Sainte-Thérèse, la maison où j’ai grandi. Un prêtre monte les marches à ma rencontre, il se met à mon niveau, ses yeux se posent sur moi : “Ton père était très malade, il est monté au ciel.” J’ai cinq ans, je ne peux pas penser le monde autrement qu’au pied de la lettre. Maintenant mon père vit dans le ciel. Cet endroit immense et glacé.
 
Mon père, le peintre Gary Schuhmacher, artiste comme Richard Ballard. Un jour, je ferai l’acquisition d’un “ciel”.